UNE «VICTOIRE»
POUR QUOI FAIRE ?
Pour la grande majorité des votants, « vainqueurs » et « vaincus », l’essentiel reste en attente : un vrai changement. Et le président Bongo devra faire preuve de sa capacité de rupture.
Mardi 27 septembre 2016. Libreville. Au Palais du bord de mer, Ali Bongo Ondimba prête serment pour un second mandat présidentiel de sept ans. Ce pourrait être une fête, disons, pour le moins, une belle cérémonie républicaine. Mais aujourd’hui, la République semble comme en suspens. Les visages sont tendus et l’assistance clairsemée. Peu de chefs d’États (quatre précisément) ont fait le voyage. Européens et Américains se signalent par leur absence (ou la présence de leurs ambassadeurs). Pas d’opposants officiels. Les lettres de félicitations sont rares. Sur Twitter, certains Gabonais rivalisent d’humour noir sur le hashtag #InvestitureGabon, chacun se voyant élu grâce à l’écrasante majorité des voix de son village ou de son quartier… À l’extérieur du palais, la capitale est littéralement quadrillée par les forces de l’ordre, l’armée, la gendarmerie. Des hélicoptères survolent le bord de mer. Les marchés sont déserts, la circulation quasi inexistante.
Ali Bongo Ondimba donne le change, le regard droit, le pas ferme. Mais l’homme est seul, entouré de ses fidèles....