TUNISIE BCE LE PORTRAIT
Après la révolution tunisienne de janvier 2011, il aurait pu continuer de profiter d’une retraite paisible, demeurer un observateur critique de la scène politique. C’est mal connaître Béji Caïd Essebsi (BCE), 88 ans, qui, en amateur de bons mots, a estimé de son devoir « de sortir des archives » mais « pas de la même boîte » que son rival Rached Ghannouchi, président du mouvement islamiste d’Ennahdha. Deux fois en quatre ans, ce vétéran de la politique s’est imposé comme une figure majeure de la reconfiguration de l’échiquier politique. D’abord, en tant que Premier ministre de la transition qui a mené le pays à l’élection d’une Constituante en octobre 2011, puis comme fondateur du parti Nidaa Tounes qui, en moins de deux ans, s’est inscrit dans une nette opposition au mouvement islamiste d’Ennahdha. Cette émergence fulgurante et inattendue, après une révolution menée par des jeunes, devient une « Sebsimania ». Pour ses partisans, celui qui a vu le jour en 1926 à Sidi Bou Saïd est un intouchable, un symbole de la spécificité tunisienne. Avec Bourguiba comme mentor durant des décennies, « Si Béji », comme on le désigne respectueusement, se revendique avec une légitimité historique de cette filiation...