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musique

TINARIWEN : DESERT BLUES

Par Abdeslam Kadiri
Publié le 21 juillet 2016 à 09h00
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C’EST À M’HAMID EL-GHIZLANE, dans le désert marocain, que les grands bluesmen du Sahara ont produit leur prochain album, en début d’année. Avec en guests des musiciens locaux. Sortie prévue en 2017. En attendant, on savoure leur dernière production live Oukis N’Asuf (« Oublier la nostalgie »), celle qui habite le Touareg loin de son désert. Ce disque présente en effet le versant festif et allègre de leur musique. Et pour cause : la reine du tindé, la chanteuse Lalla Badi, partage la scène avec eux. Le tindé, c’est à la fois une percussion et le nom du répertoire de poésies chantées exclusivement par les femmes touaregs, lors de fêtes, d’événements heureux. Un hommage à cette grande dame de 75 ans, icône du Sahara, « leur maman », « leur grande soeur ». Dans les années 1970, elle accueille les ishumar (« chômeurs ») à Tamanrasset, dans le grand Sud algérien, lorsqu’ils fuient la répression militaire et la sécheresse du Mali. Ils commencent la musique auprès de cette chanteuse dont on s’arrache les cassettes aux textes engagés. Des décennies plus tard, ce disque offre l’héritage de cette rencontre. On retrouve la patte Tinariwen : guitares lancinantes, puissance des chants collectifs, djembé et calebasse au rythme chaloupé, belle voix rauque, rugueuse du chanteur-guitariste Ibrahim Ag Alhabib… Et toujours leurs paroles revendicatives pour les droits des Touaregs, qu’il serait plus juste d’appeler les Kel Tamasheq, « ceux qui parlent la langue tamasheq ».