RÉVOLUTION ACTE IV

Les Tunisiens ne s’en rendent pas compte, mais ils vivent des temps formidables. Entre panne économique, situation sécuritaire tendue et une autorité de l’État largement mise à mal, le tableau est évidemment plutôt sombre. Et il serait franchement optimiste de déclarer qu’en Tunisie tout va bien…
L’expérience des trois dernières années a été difficile et souvent douloureuse. Un régime est tombé en quelques jours. Il a fallu reconstruire. Se confronter avec des réalités économiques, sociales, politiques, souvent amères. Faire le bilan, faire le tri, tout en regardant devant. Se confronter à la violence, aux ambitions des uns et des autres, à l’inexpérience. Le pays est un, mais ses citoyens multiples : ils ont dû apprendre à se découvrir, se connaître, s’accorder, négocier et se faire entendre.
L’apprentissage a été difficile, il a même reçu le tribut du sang. La liberté d’expression, que nul ne pourra plus nier, s’est ancrée comme un acquis indéniable. Elle a produit un tourbillon d’opinions contrastées au point d’être parfois lassante mais elle accompagne également la naissance d’une société plus ouverte. Cela ressemble à un début de démocratie bien que le mode d’emploi n’ait pas été fourni avec la révolution. Les Tunisiens ont, en quelque sorte...