Nú Barreto, artiste global
Macao, Paris ou Londres, le Bissau-Guinéen globe-trotter expose partout dans le monde.
Silhouette jeune, voix douce et sourire confiant, Nù Barreto est un artiste qui se dit criard et jamais content. Dans ses tableaux flottent des ombres grises « lâchées comme du pollen ou des plumes ». Nú Barreto travaille sur l’idée de l’homme, sur son idéologie. Le noir funguli est son empreinte : « Ce mot d’origine mandingue signifie blanchâtre, c’est une couleur d’obéissance qui prend ses racines dans la souffrance et la misère et qui donne ce pigment fin et transparent aux peaux noires. » Né en 1966 à São Domingos, dans le nord-ouest de la Guinée-Bissau, Nú est issu d’une famille « où les artistes n’étaient pas rares ». Arrivé en France il y a vingt-six ans pour étudier la photo puis suivre l’école des Gobelins, il a finalement décidé de revenir au dessin, sa première passion transmise par son frère aîné. Représenté par la galerie parisienne Goldenberg, il expose à Macao et Paris pour « Lumières d’Afrique », avant une exposition, en janvier, chez Sulger-Buel Lovell, à Londres. « J’aime contrarier. Dans le noir complet, j’ai commencé un tableau intitulé Sukuro (pénombre) que j’ai poursuivi dans la lumière. Ce thème me touche car mon pays est souvent victime de délestages. Dans les années 1990, nous avons vécu trois ans sans électricité, dans un enfer de petits groupes électrogènes… » Mais pour lui, l’Afrique reste prometteuse. Mais après quarante ans d’indépendance, la situation de la Guinée-Bissau est complexe. « Elle n’a pas cicatrisé de la guerre, les coups d’État sont constants, l’avenir n’est pas radieux mais des gens travaillent pour le changement. L’artiste est un témoin qui, en l’absence d’évolution des mentalités pour éradiquer la pauvreté, doit mener une lutte constante. » L.A.