Mihoub Mezouaghi : Directeur de l'agence Française de développement (AFD) au Maroc
« Des modèles propres à l’Afrique pourraient émerger »
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Publié le 4 octobre 2018 à 07h49
Entré en tant qu’économiste à l’AFD en 2006, ce docteur en sciences économiques, auteur de plusieurs ouvrages1, mène une réflexion active sur le schéma de croissance des économies africaines de demain.
AM : L’industrie est-elle l’unique réponse à l’explosion démographique du continent ?
Mihoub Mezouaghi : On pourrait se convaincre que l’Afrique est installée de manière permanente dans le sous- développement. La question n’est pas nécessai rement de se demander si l’Afrique deviendra, à la place de la Chine, l’usine du monde, mais plutôt si elle parviendra, au cours du XXIe siècle, comme l’Europe au XIXe siècle et l’Asie au XXe siècle, à engager son industrialisation. Trois raisons étayent cette perspective. D’abord, la contrainte démographique exige de créer 10 à 12 millions d’emplois par an au cours des deux prochaines décennies – elle n’en crée aujourd’hui que 3 millions. Ensuite, des marchés de consommation émergent ; un potentiel exploité par certaines entreprises qui adaptent leur offre de biens et services aux spéci ficités économiques et culturelles de cette demande à moindre pouvoir d’achat. La réussite du mobile banking en témoigne. Enfin, des industries se distinguent dans certains pays. Le Maroc, par exemple, produit chaque année 300 000 véhicules et devrait...