Mehdi Ben Attia : « J'espère que mon film n'est pas banal ! »
Afrique magazine : Quelle est l'idée première du Fil ?
Mehdi Ben Attia : Je voulais d'abord raconter une histoire d'amour entre garçons. Dans le cinéma du sud, il y a une culpabilisation de l'amour homosexuel, qu'il faut arriver à dépasser. J'espère que c'est un film pas banal ! J'ai voulu donner un regard neuf. Je tenais aussi à faire un film qui se passe dans la bourgeoisie tunisienne francophone, mon milieu, peu traitée dans le cinéma.
Il y a des scènes d'amour plutôt osées. Il a fallu du courage pour filmer un amour homosexuel en Tunisie ?
Je ne pense pas être courageux... Je dirais plutôt imprudent ! Des scènes d'amour, on en voit tous les jours. Pourquoi, lorsqu'on filme dans un contexte arabo-musulman, s'interdire ce que tout le monde s'autorise ? Je n'ai pas eu l'impression d'avoir effectué une transgression incroyable. Et les comédiens non plus.
Vous n'avez pas eu de problèmes lors du tournage ?
L'ancien ministre de la Culture a d'abord refusé de nous donner l'agrément, au prétexte que le film heurtait ses convictions... On a eu l'autorisation l'avant-veille du premier jour du tournage ! On a eu très peur. Avec le producteur, on s'est battus...