Les mystères de Yaoundé
Le Cameroun fait face aux crises. Au palais d’Étoudi, on tient la barre, selon un système à part, immuable.
Yaoundé. L’immuable. Mi-avril, en début de saison des pluies… où il ne pleut pas. Le palais d’Étoudi, temple de tous les secrets du président Paul Biya, 86 ans, qui gère le destin du Cameroun depuis trente-six ans, domine la capitale administrative plombée par le soleil, du haut de l’une de ses sept collines. C’est ici que tout se décide, que tout se joue pour l’un des plus grands pays d’Afrique centrale et ses 10 provinces. C’est ici que les rares proches collaborateurs du « patron » et une batterie de conseillers s’activent tous les jours jusqu’à pas d’heure dans des couloirs feutrés et silencieux aux murs recouverts de boiseries claires. Ils organisent inlassablement l’interface entre le « Sphinx » et l’extérieur, les visiteurs, le gouvernement, les nominations, le peuple, les cérémonies, les crises… Paul Biya a imposé une hyper-présidence particulière, un système à part, objet de tous les fantasmes en ville et à l’étranger, avec son lot de rumeurs et d’intox. Sa parole est rare, ses conseils des ministres rarissimes, ses sorties en public aussi. Une attitude calculée, certainement, qui laisse...