Aller au contenu principal
Musique

LES ENVOLÉES PERSANES D’ABLAYE CISSOKO

Par Astrid Krivian
Publié le 19 février 2016 à 15h15
Share

ON ATTENDAIT la rencontre de ces deux instruments à cordes, porteurs de musiques savantes ancestrales d’une grande finesse : la kora, superbe harpe mandingue, et le setar, un luth persan. C’est chose faite avec le dernier album d’Ablaye Cissoko, Jardins migrateurs, enregistré avec l’ensemble Constantinople, un duo composé de deux frères, Kiya et Ziya Tabassian, des Iraniens d’origine basés à Montréal. Le maître sénégalais du genre tisse ses notes cristallines avec celles du joueur de setar. La douce voix d’Ablaye, la viole de gambe et le tombak, une percussion perse, enrichissent ce dialogue délicat et apaisant.Ablaye est un djeli ou griot, un passeur, dépositaire de   la mémoire, du patrimoine culturel. « Nous rejouons des morceaux anciens, pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli. » Plusieurs chansons évoquent la nature : « Je vis entouré par l’eau. Mon environnement m’inspire beaucoup. » S’il est gardien de la tradition, Ablaye n’en reste pas moins un musicien moderne ouvert aux fusions musicales. Sa collaboration avec le trompettiste de jazz allemand Volker Goetze a donné lieu à trois albums depuis 2008. « La musique, c’est d’abord une rencontre avec l’autre. Un langage pour tenter de communier, de raconter nos histoires et de les partager. » Lui qui souhaite « apaiser le cœur des hommes » y parvient brillamment à travers sa musique.