Le mystère Kaïs Saïed
Conservateur et révolutionnaire à la fois, il rêve de changer « le système ». Portrait.
Avec 72 % des suffrages des votants à la présidentielle d’octobre 2019, Kaïs Saïed, 61 ans, est entré au palais de Carthage, mais surtout dans l’histoire de la Tunisie. Successeur de Béji Caïd Essebsi, il est le deuxième président élu au suffrage universel depuis la révolution de 2011. Ce juriste de formation impose un style pour le moins atypique. « Ce qui se passe à Carthage reste à Carthage » pourrait être la nouvelle ligne d’une présidence qui rompt avec la communication traditionnelle et les usages du « métier ». Une mise à distance, une opacité diront certains, un mystère diront d’autres, qui déstabilisent les médias et l’opinion. Mais une approche qui correspond tout à fait à Kaïs Saïed. Le candidat indépendant avait déjà pris de court l’ensemble de la classe politique en obtenant un score massif, après une campagne longuement mûrie, menée sans esbroufe, ni beaucoup d’argent, ni show politique, mais avec le soutien des réseaux sociaux et d’une bonne partie de la jeunesse. Devenu président, l’homme mince aux costumes immuablement bleus demeure cohérent avec ses positions de candidat. Il s’efface pour privilégier...