Le « born again » de la politique
Des portraits de Buhari qui sautent de bras en bras à Lagos. De jeunes Yorubas qui chantent et dansent en scandant « Baba » (père) en référence à leur héros du jour : Muhammadu Buhari, le nouveau président du Nigeria élu le 28 mars. Les mêmes qui crient « Change ! » comme s’il s’agissait de leur nouveau mantra. Comme s’ils avaient enfin trouvé la formule magique pour transformer du tout au tout leur vie et celle des autres Nigérians. Ils se sentent rassurés par l’image d’Épinal de cet humble père de famille qui a eu dix enfants avec ses deux épouses. Le militaire, issu d’un milieu pauvre de l’État de Katsina (Nord), est le dernier né d’une fratrie de 23. Celui qui n’a pas presque pas connu son père, décédé lorsqu’il avait 3 ans. Lui, le simple villageois de Daura, élevé par sa mère et qui a bénéficié d’une ascension foudroyante grâce à l’armée : cette institution a toujours constitué le meilleur ascenseur social au Nigeria, notamment pour les nordistes.
Certains, plus âgés, ne peuvent s’empêcher d’esquisser un sourire. Qui aurait imaginé quelques mois plus tôt, au début de la campagne, qu’un général de 72 ans, un ex-dictateur qui...