Alaïa, toujours
«Il est l’Afrique qui a regardé l’Europe, l’Europe qui s’est éprise des sortilèges de l’Orient, écrit Laurence Benaïm dans Azzedine Alaïa, le prince des lignes (Grasset, 2013). Il a un double passeport tunisien et français. À ceux qui l’observent, il laisse la douceur et l’éclat d’un pays qu’il a quitté sans jamais cesser de lui appartenir, loin des mouches rôdant autour des carcasses, des gâteaux en pyramide et de l’odeur mêlée du jasmin et des bomboloni, le vert de la sauge et le rouge des géraniums et des baisers qui font des marques sur les joues des enfants. » Fils d’un agriculteur, Ismaël Ben Alaya, il est né à Tunis, où il est élevé par ses grands-parents – sa mère a rejoint son père à Siliana, dans le nord du pays. Chouchouté par sa grand-mère Manou Bia, encadré par un grand-père officier de police, il grandit au son de la sublime voix d’Oum Kalsoum. Il observe, épaté, les sensuelles danses du ventre de Sofia Gamal. Très tôt, il se découvre une passion pour le cinéma. Le petit Azzedine n’est pas un enfant de la campagne. Toujours, il préférera l’effervescence de la ville au calme de la nature. C’est le défilé...