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Sécurité du Golfe Persique : quelle option, diplomatique ou militaire ?

Par Michael.AYORINDE - Publié en février 2011
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Peu d’informations ont filtré, mais le double attentat qui a visé fin novembre deux scientifiques iraniens spécialistes du nucléaire, est bien le signe que certains Etats n’entendent pas laisser l’Iran se doter de l’arme nucléaire. Quelles que soient les avancées technologiques, les potentialités à la disposition de Téhéran, les très nombreux contrôles des inspecteurs de l’AIEA, il est difficile d’apprécier le niveau de la menace. S’il est vrai que ces derniers temps, les autorités iraniennes ont empêché les inspecteurs de l’AIEA d’effectuer d’autres contrôles, Ali Asgheer, le représentant iranien à l’AIEA a dénoncé les accusations portées contre son pays : « Il n’y a aucune preuve d’un détournement du nucléaire civil à des fins militaires ». Mais le 5 décembre 2010, à la veille de la réunion de Genève entre les Six (1) et l’Iran sur ce dossier, Ali Akbar Salehi, le vice-président iranien, a revendiqué le droit pour son pays d’assurer son autosuffisance et a annoncé la production de son premier lot d’uranium concentré (yellowcake), servant à la production d’uranium enrichi.

Israël, seul pays dans la région à posséder l’arme nucléaire qui refuse toujours de ratifier le Traité de non-prolifération, ne l’entend pas de cette oreille et se trouve toujours en première ligne pour souligner le danger que représenterait l’Iran doté de l’armement nucléaire. Mais il n’y a pas qu’Israël qui s’inquiète et qui appelle à une possible riposte militaire franche. L’Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats Arabes Unis s’en préoccupent tout autant et souhaitent « l’internationalisation » de la problématique sécuritaire de la région. Les révélations récentes du site WikiLeaks ont dévoilé que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite aurait conseillé à ses interlocuteurs américains de « couper la tête du serpent ».

Seuls le Qatar et Oman semblent opter pour une approche diplomatique alors que les autres pays s’inscrivent davantage dans une option militaire internationale menée par les Etats-Unis d’Amérique.

Cette option est d’autant plus plausible que, depuis juin 2010, l’administration américaine élève la voix et évoque cette possibilité. Pourtant, le Président Obama avait opté en Mars 2009, dans le cadre du « message historique » adressé au peuple iranien, pour « un dialogue honnête fondé sur le respect mutuel ». Mais l’échec de « la révolution verte » qui n’a pu déstabiliser le pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad  a modifié en partie la donne.

Un rapport récent du groupe d’étude BPC (Bipartisan Policy Center) conseille à Barack Obama de ne pas laisser « entamer la crédibilité américaine » si Washington laissait Téhéran franchir le seuil critique qui lui permettrait de favoriser la prolifération nucléaire dans la région. BPC n’entrevoit que « l’option militaire ».

Le 18 novembre dernier, réunis à Hallifax au Canada, dans le cadre d’un forum sur la sécurité dans le Golfe, plusieurs responsables politiques américains ont pris une position identique. Le sénateur républicain Lindsey Graham a appelé à une guerre totale qui « neutraliserait » définitivement l’Iran. Plus nuancé, le sénateur démocrate du Colorado, Mark Udaal qui préconise le maintien des sanctions contre le régime iranien a laissé entendre que « toutes les options étaient sur la table ».

La récente victoire des Républicains lors des élections de mi-mandat risque de renforcer l’option militaire. Mais le 3 décembre dernier à Bahreïn, à l’occasion d’un Forum sur la sécurité dans la région, Hilary Clinton, la Secrétaire d’Etat américaine, s’est adressée à la délégation iranienne présente pour inviter le pays de Mahmoud Ahmadinejad à reprendre « le dialogue dans le respect de la souveraineté de l’Iran ».

La Secrétaire d’Etat a été un peu entendue puisque la réunion de Genève qui s’est terminée le 6 décembre, et qui réunissait sous l’égide de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, le Groupe des cinq grandes puissances du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne et l’Iran, a débouché sur la poursuite du dialogue dans le cadre d’une nouvelle réunion à Istambul en Janvier 2011. Mais d’ores et déjà, les représentants iraniens ont fait savoir qu’ils ne remettraient aucunement en cause la poursuite de leur programme nucléaire.

Du côté français, comme l’a révélé le site WikiLeaks, on comprend la position radicale de Nicolas Sarkozy, collant à celle d’Israël et de l’Arabie Saoudite : son Conseiller diplomatique, Jean-David Lévitte, n’a pas hésité à qualifier le pouvoir iranien de « fasciste ».

Comme on peut le constater, l’option diplomatique rencontre bien des obstacles, mais a-t-on vraiment pris la mesure des dangers que représenterait une option militaire ?

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