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Destination

LAGOS, « NEW YORK » DE L’AFRIQUE

Par Michael.AYORINDE - Publié en juillet 2016
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Elle captive, effraie et magnétise : cette mégalopole tentaculaire porte en elle d’intenses énergies créatrices. Une ville fascinante qui mérite le détour… à condition de ne pas s’y perdre

Rituel immuable. En atterrissant à Lagos, le voyageur coutumier sait qu’il est préférable de patienter dans le hall de l’aéroport Murtala- Muhammed plutôt que de se ruer sur le premier taxi jaune venu. Un coup de fil, et un véhicule de société vient l’accueillir pour le déposer à bon port. Dès lors, on quitte le « continent » le plus vite possible. Destination impérative : un hôtel ou un logement situé sur les îles – Victoria Island ou Ikoyi – à une trentaine de kilomètres de là. En empruntant le Third Mainland Bridge, majestueux pont de treize kilomètres, la vue qui longe le continent permet de jouir du paysage de la lagune et ses villages de pêcheurs, notamment Makoko, qui compte des milliers d’habitations sur pilotis. À l’approche du quartier résidentiel Ikoyi, autrefois havre de paix des Britanniques, de vastes jardins de flamboyants, jacarandas et autres frangipaniers se découvrent. Une fois installé, le visiteur a la possibilité de prendre des bateaux qui mènent en trente minutes sur des plages à la sortie de Lagos, notamment Tarkwa Bay, où l’on échappe au tumulte de cette ville de 20 millions d’habitants.
 
Impossible de nier l’évidence : à une encablure d’Ikoyi, Victoria Island – le Manhattan de Lagos – est le quartier qui compte. Sa particularité ? C’est le lieu de résidence ou de villégiature du plus grand nombre de milliardaires du continent. Porsche y a ouvert une succursale. Et Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, dont le yacht mouille dans la lagune, y possède une demeure.
 
Envie d’exercice en plein air ? Inutile de braver d’inutiles dangers. Les adeptes choisissent la zone sécurisée de Lekki ou de Banana Island, avec ses villas à 5 millions de dollars. Moyennant finance, l’on pourra courir ou se promener sur ces terres qui bordent la lagune. Mais, hors de ces lieux, mieux vaut éviter de s’aventurer à pied dès la nuit tombée : même les Nigérians ne s’y risquent pas.
 
Au fil de ses balades, le visiteur découvre que Lagos compte de nombreuses galeries réputées. L’Art Twenty One, fondée par Caline Chagoury, accueille la crème des artistes contemporains nigérians. Non loin de là, Terra Kulture abrite aussi une librairie et un restaurant de qualité, spécialisé dans la cuisine africaine et assez bon marché. Autre lieu incontournable, la Nike Art Gallery de l’artiste Nike Davies- Okundaye, la plus grande d’Afrique de l’Ouest : 10 000 pièces sont réunies sur quatre étages !
 
En fin d’après-midi, un tour au Yacht Club, à la pointe de Lagos Island, s’impose. Un verre à la main, on peut y contempler le coucher de soleil sur fond de bateaux ancrés dans la lagune. À moins que, resté au coeur d’Ikoyi, l’on préfère savourer un thé ou un café au Jazz Hole, l’une des plus célèbres librairies de la ville. Du côté de Victoria Island, c’est aux jardins du Federal Palace, l’un des lieux les plus cotés, qu’il est recommandé de boire un verre avec vue sur le port et la lagune. De même le Blowfish, à l’ambiance chic, possède l’un des meilleurs restaurants de la place.
 
Ancienne prison coloniale transformée en espace culturel, le Freedom Park reste l’un des endroits les plus sûrs la nuit. Grand événement du lieu, l’Afropolitan Vibes y réunit une fois par mois les amoureux de musique autour de concerts de qualité. S’y pressent notamment les returnees, ces Nigérians formés ou élevés en Occident et ayant fait le choix de revenir vivre au pays. Et si l’on préfère le clinquant et le gros son, on fréquentera les boîtes de nuit ultrachics de Victoria Island, là où des représentants de la jeunesse dorée engloutissent en quelques minutes des dizaines de milliers d’euros en achat de prestigieuses bouteilles.
 
Mais c’est depuis le Sky ou le Red, les restaurants les plus chics de l’Eko Hotel que, la nuit, le voyageur peut contempler l’immensité de cette ville qui ne dort jamais. Et comprendre alors pourquoi elle a été surnommée la « New York de l’Afrique ».
 
 
Les bonnes adresses
 
TROIS LIEUX À DÉCOUVRIR
 
VICTORIA ISLAND NOK BY ALARA Le restaurant branché qui fait sensation. Aux fourneaux, Pierre Thiam, cuisinier sénégalais qui s’est fait connaître à New York, a imposé la « fusion food » à Lagos. Arrivé il y a deux ans, il relève un nouveau défi : concilier les saveurs traditionnelles de l’Afrique avec la « cuisine modernisée ». Ainsi, il sert des calamars avec des épices à la mode « suyas » (brochettes typiques du nord du Nigeria) ou une soupe de gombo aux fruits de mer. 12A Akin Olugbade Street, Victoria Island. www.nokbyalara.com
 
LAGOS ISLAND YACHT CLUB Fondé en 1932 par des navigateurs, le Yacht Club est sans doute l’endroit le plus agréable de la ville. Situé à la pointe de l’île de Lagos, à proximité du pont reliant Ikoyi à Victoria Island, il offre la plus belle vue sur Eko (l’autre nom de Lagos), sa lagune, son port et l’océan. L’ambiance y est plus détendue que dans les autres clubs de la ville, la tenue vestimentaire des clients est décontractée et la cuisine simple et saine. lagosyc.org
 
LAGOS ISLAND FREEDOM PARK Créé il y a cinq ans, dans les murs d’une ex-prison coloniale, il est rapidement devenu le lieu le plus tendance de Lagos. Chaque soir, les concerts, les pièces de théâtre, les conférences ou les projections de films s’y multiplient. L’un des meilleurs endroits pour prendre un verre entre amis dans les superbes jardins aménagés par l’architecte Theo Lawson. Wole Soyinka – le prix Nobel de littérature – y dispose de bureaux et y répète encore aujourd’hui ses pièces de théâtre. Le parc abrite le premier restaurant végétarien de la ville et l’une des rares boutiques de souvenirs de qualité. Broad Street. lagosfreedompark.com