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BUSINESS

Des millions pour produire des vaccins africains

Par - Publié en août 2021
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Afrique du Sud, Maroc, Algérie, Sénégal… Les projets pour fabriquer des doses sur le continent se multiplient – sans encore briser sa dépendance.

L’ Afrique produit 1 % des vaccins qu’elle administre. Dépendre à 99 % des importations pour protéger les populations contre le Covid-19 n’est plus supportable. « L’Afrique a besoin d’une campagne de vaccination, avec des vaccins produits en Afrique », a insisté Gerd Müller, le ministre allemand du Développement, le 10 juillet, à l’annonce de la construction d’une usine, pilotée par l’Institut Pasteur de Dakar, qui produira 25 millions de doses par mois contre le Covid-19 d’ici la fin 2022. Le site, qui doit coûter 200 millions d’euros, est financé en partie par l’UE. Sans commune mesure avec la vitesse de propagation de la pandémie sur le continent, les projets industriels se multiplient, dans une lutte d’influence entre l’Europe et la Chine. Le 6 juillet, c’est le Maroc qui annonçait deux accords. Le premier entre le laboratoire marocain Sothema et le groupe chinois Sinopharm, qui s’engage à fabriquer 5 millions de doses par mois de son vaccin antiCovid dans le royaume (sans préciser de dates). Le second a été conclu avec le sous-traitant suédois Recipharm, qui fabrique les vaccins Moderna en France. L’accord prévoit la construction d’un site qui devrait produire d’ici 2023 300 millions de doses par an, et qui sera « au service du peuple marocain et du continent africain », a précisé Marc Funk, le PDG de Recipharm. Le projet estimé à 500 millions de dollars sera notamment financé par le Fonds Mohammed VI pour l’investissement et un consortium de banques marocaines (Attijariwafa Bank, BOA Capital et Groupe Banque Populaire). Dans cette course à l’investissement, l’Algérie a pris les devants en annonçant le 7 avril la production dès septembre sur son sol du vaccin russe Spoutnik V, dont une partie sera destinée aux pays africains. Pour sa part, l’Égypte a annoncé le 29 avril qu’elle misait sur Spoutnik V et le vaccin chinois Sinovac. Les autorités ont fait savoir que le pays avait déjà produit un million de doses et qu’il était capable d’en produire 600 000 par jour. L’Égypte est aussi en pourparlers pour fabriquer le vaccin britannique AstraZeneca.

​  L’UA aimerait que 60 % des vaccins dont elle a besoin proviennent d’usines locales. ​
L’UA aimerait que 60 % des vaccins dont elle a besoin proviennent d’usines locales.

L’Afrique du Sud n’est pas en reste. Le premier site africain de production de vaccins à ARN messager devrait ainsi voir le jour au Cap, à la suite d’un accord signé le 28 juin entre les sociétés pharmaceutiques Biovac et Afrigen Biologics and Vaccines avec l’OMS. Et depuis le 30 juin, c’est Aspen, la plus grande société pharmaceutique d’Afrique, qui emploie 9 800 personnes dans 23 usines, qui bénéficie d’une enveloppe de 600 millions de dollars, débloquée par quatre bailleurs internationaux (l’IFC, l’AFD, la DEG allemande et la DFC américaine), pour développer « des vaccins pour les pays africains. » Cependant, l’objectif de l’Union africaine (UA) que le continent puisse fabriquer 60 % de ses besoins en vaccins en 2040 reste encore lointain.

 

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